Allemagne : Random House et ses maisons passent au watermarking

Allemagne : Random House et ses maisons passent au watermarking.

Nicolas Gary,  actualitte.com Le lundi 01 septembre 2014

La fin du DRM Adobe, pour les éditeurs du groupe Bertelsmann ?

Le vent du changement soufflerait-il en Allemagne ? Selon plusieurs observateurs attentifs, des livres numériques de l’éditeur Random House (groupe Bertelsmann) et de ses filiales sont désormais commercialisés avec un simple watermarking, plutôt que le DRM Adobe. Les éditeurs comme Verlangen Goldmann, Heyne et Blanvalet suivraient une piste similaire, d’après les premières conclusions.

Mise à jour 19:40 : évidemment c’était trop beau. Tout cette belle histoire ne serait due qu’à un simple problème technique rencontré par l’éditeur. L’envoi de métadonnées aurait occasionné un bug, qui manifestement a perturbé les sites des vendeurs.

L’erreur technique sera corrigée dans les meilleurs délais, a assuré le groupe, qui n’a donc pas, pour le moment, l’intention de modifier sa politique commerciale de verrouillage. Il ne reste qu’à patienter en attendant le grand soir, donc…

Changement temporaire, expérimentation ou véritable mouvement loin du verrou numérique pour les ebooks, pour l’heure, on ne peut qu’observer l’apparition de la mention Wasserzeichen (watermarking), pour les éditeurs du groupe. Juste assez pour que Lesen, qui rapporte quelques cas, envisage la fin pour le cryptage Adobe. Position certainement optimiste, c’est encore loin d’être une généralisation.

Après une vérification, un grand nombre de titres de Random House et de ses maisons indique, dans les fiches produits ebook que la sécurité intégrée est un simple watermarking. La transition est très importante, mais implique également une tout autre approche de la commercialisation d’ebooks.

Autant le DRM est un verrouillage du livre, qui limite les utilisations que l’on peut en faire (nombre de copie, impression ou non, partage à des proches, etc.), autant le watermarking est une solution de surveillance reposant sur un certain chantage. Comme nous l’avons souvent fait remarquer, le watermarking peut être pire, moralement, que le DRM, puisque, s’il est moins contraignant que le verrou numérique, il n’accorde qu’une confiance toute relative au client.

Il y a finalement plus à redouter encore de voir un fichier contenant un tatouage numérique, car il induit une nouvelle relation au livre. Que l’on empêche par un verrou de prêter, c’est une chose, que s’exerce une pression qui va m’obliger à une forme de censure en est une autre. On peut cependant parler de responsabilisation des clients : il ne faut pas prêter un fichier n’importe comment, pour éviter de se faire tomber dessus, avec en prime une accusation de partage illégal.

Sollicité par Lesen, le bureau de presse de Random House ne semblait même pas informé de ce changement, pourtant observé dans plusieurs ebookstores. S’il est confirmé que le groupe a modifié sa politique commerciale, ce serait cependant un fort signal envoyé à l’ensemble de l’édition. Et effectivement, on peut se prendre à rêver que la disparition du DRM Adobe soit désormais véritablement enclenchée.

Toutefois, il y a une nuance de taille : les Pays-Bas, dans leur lutte contre le piratage, avaient accepté que le BREIN, organisation chargée de ce combat, mette en place avec eBoekhuis, un système de surveillance des fichiers, à travers la toile. L’ensemble du projet reposait, justement, sur la présence de watermarking dans les ebooks. Dans le cadre de l’accord entre les deux entités, les informations contenues dans le watermarking – et donc relatives aux clients – seraient fournies au BREIN. De la sorte, l’organisation aurait de meilleurs outils de contrôle pour à pister et traquer ceux qui partagent illégalement leurs achats.

C’est sur ce point que les Pays-Bas ont décidé de porter le fer. Toute transaction réalisée associe le fichier numérique à un filigrane spécifique, lié à un numéro de transaction. Stéphane Michalon et Stefaan Nemegeer, de ePagine France et Benelux étaient intervenu dans ce débat

Tant qu’un client garde l’EPUB pour lui, personne d’autre ne pourra voir les informations inscrites dans le fichier. Si un titre est déposé sur un site torrent ou rendu accessible au grand public sans respect du droit d’auteur, une action pourra être entreprise pour retrouver celui qui a acheté le titre. Mais cette action n’est pas si évidente que ça à réaliser.

Il faut d’abord que BREIN (qui agit au nom des éditeurs et/ou des ayants droit et que l’on pourrait considérer comme un équivalent de HADOPI) aille contacter CB pour récupérer l’information du filigrane, CB étant le seul à pouvoir repérer une trace du filigrane dans l’EPUB dans la mesure où le watermark pagine est une solution évolutive dupliquée aléatoirement dans le fichier. Une fois que le numéro est retrouvé, BREIN doit alors lui-même contacter le magasin revendeur pour lui demander qui a acheté ce titre…

On ne réglera rien aujourd’hui, mais il serait très simple de transposer la démarche néerlandaise à la modification observée sur les fichiers de Random House. Si le watermarking peut être retracé sur la toile, cette transition devient assez facile à comprendre, à la lumière du cas du BREIN et d’eBoekhuis, aux Pays-Bas. Pour le moment, nous attendons des compléments d’information.

Depuis ses premiers temps, le watermarking a pu facilement su séduire les petites structures éditoriales, certainement mieux conseillées aussi, que les grands groupes.

 

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