Antoine Gallimard fait de Teresa Cremisi son bras droit chez Madrigall

Antoine Gallimard fait de Teresa Cremisi son bras droit chez Madrigall.

Le Monde.fr | 21.10.2013 à 12h52 •  |Par Alain Beuve-Méry

Branle-bas de combat chez Gallimard ! Dix-huit mois après le rachat du groupe Flammarion aux Italiens de RCS, Antoine Gallimard, PDG du groupe Madrigall, a procédé à une vaste réorganisation du troisième groupe d’édition français, qui a affiché un chiffre d’affaires de 421 millions d’euros en 2012. Le principal défi pour Antoine Gallimard est de réunir, sous un toit commun, deux maisons d’édition généralistes, de même taille et qui possèdent chacune leur propre service de distribution et leur propre marque de poche (Folio pour Gallimard, GF et J’ai lu/Librio pour Flammarion).

Ce rapprochement se fait au moment où le monde de l’édition traverse une zone de turbulences liée à la révolution numérique, qui entraîne la dématérialisation des ouvrages. Le bouleversement du secteur du livre qui en découle s’accompagne de l’arrivée de nouveaux acteurs très puissants issus d’Internet comme Amazon,Google ou Apple, qui sont à la fois partenaires et concurrents des maisons d’édition.

Dans un communiqué envoyé mercredi 16 octobre à l’ensemble des 1 700 salariés, Antoine Gallimard a rendu public le nouvel organigramme de la holding de tête de son groupe d’édition Madrigall (anagramme de Gallimard). Il demeure président de la holding familiale et sa sœur, Isabelle Gallimard, qui dirige les éditions Mercure de France, est nommée vice-présidente et directrice générale du groupe.

Le PDG de Madrigall a surtout décidé de s’appuyer sur Teresa Cremisi, actuelle patronne de Flammarion. Elle est promue directrice générale de Madrigall, chargée du développement éditorial, en liaison avec Gilles Haéri pour Flammarion et Yvon Girard pour Gallimard. Antoine Gallimard et Teresa Cremisi sont des complices de longue date. En 1989, c’est lui, propulsé à la tête des éditions qui portent son nom, qui choisit cette éditrice italienne pour en faire sa directrice éditoriale. Elle restera seize ans à ses côtés chez Gallimard, avant de rejoindre, en 2005, Flammarion, récemment acquis par le groupe Rizzoli-Corriere della Sera. La proposition était difficile à refuser, mais représentait aussi un très beau défi à relever : jusqu’à cette offre,  Mme Cremisi n’avait jamais dirigé de maison.

En juin 2012, le rachat pour 250 millions d’euros du groupe Flammarion par Madrigall a fait revenir Teresa Cremisi dans le giron de Gallimard. Lors de la crise qui a frappé Casterman après le départ de son responsable, Louis Delas, Antoine Gallimard a désigné sa fille, Charlotte Gallimard, présidente de la maison de bande dessinée, tout en la plaçant sous la protection de Teresa Cremisi.

A LA RECHERCHE DES BEST-SELLERS

Aujourd’hui, Teresa Cremisi est la seule éditrice à avoir une connaissance complète à la fois de Flammarion et de Gallimard. Elle y est appréciée et estimée des éditeurs des deux maisons, ainsi que par ceux des filiales (Denoël, Verticales, La Table Ronde, P.O.L, Autrement, Arthaud, Aubier, etc.). Elle connaît aussi très bien les auteurs des deux maisons : Jean-Christophe Rufin, Annie Ernaux, Michel Houellebecq, Franz-Olivier Giesbert, Marc Dugain, Christine Angot, etc. Les maisons Gallimard et Flammarion ont besoin de retrouver le chemin des best-sellers, qui manquent depuis leur rapprochement.

Teresa Cremisi rejoint dans ses nouvelles fonctions Alexandre de Palmas, énarque de 39 ans, passé dans le privé chez Casino puis Clear Channel (affichage publicitaire). Il avait été recruté en avril par Antoine Gallimard, comme directeur général, pour trouver des synergies entre les services centraux (ressources humaines, achats, finances, logistique, etc.) et entre les différentes filiales de diffusion et de distribution.

La holding Madrigall se dote aussi d’un comité de direction groupe qui se réunira tous les trimestres, où siègeront deux nouveaux secrétaires généraux : Bruno Mabille, actuel directeur financier de Gallimard, et Alban Cerisier, secrétaire général de Gallimard, qui dirige les archives et la politique numérique de la maison.

Il est encore trop tôt pour dire lequel de Gallimard ou de Flammarion prendra l’ascendant dans la construction du 3e groupe d’édition français. Il s’agit aussi deconcilier des logiques quantitative et qualitative. De fait, c’est Olivier Randon, directeur des opérations chez Flammarion, qui a été choisi pour prendre la direction des deux structures de distribution ainsi que des services informatiques.

Antoine Gallimard reste aux commandes de l’ensemble, mais il se situe plus nettement comme actionnaire aux yeux de ses salariés. La structuration de son groupe est rendue nécessaire par les défis financiers que M. Gallimard doitaffronter. Au cœur de l’été, le PDG de Madrigall avait fait savoir qu’il était prêt àouvrir le capital de son groupe d’édition. Il était à la recherche de 40 millions d’euros, une somme qu’il devrait trouver sans grande difficulté, compte tenu des marques prestigieuses que le groupe rassemble.

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