Arnaud Nourry : « Amazon est le plus grand client de Hachette Livre »

Arnaud Nourry : « Amazon est le plus grand client de Hachette Livre ».

hacVIDÉO y entrevista- Invité du « Buzz Média Orange-Le Figaro », le PDG de Hachette Livre détaille la stratégie du troisième éditeur mondial.

 De retour de la Foire du livre de Francfort, le PDG du troisième éditeur mondial revient sur la polémique avec Amazon.

LE FIGARO. – Pour vous, Amazon est-il un concurrent ou un partenaire?

Arnaud NOURRY. - Amazon est le premier client deHachette Livre au niveau mondial, c’est donc un partenaire essentiel. Nous avons eu des points de friction. C’était désagréable d’être perquisitionné par les services de Bruxelles et accusé, à tort, d’entente illégale avec Apple par la justice américaine. Mais tout cela est réglé. Maintenant, nous avons des relations apaisées. Amazon fait aussi de l’édition, c’est une tentation que les distributeurs ont de temps en temps, mais en général avec peu de succès. Cela ne m’inquiète pas, car nous aimons la concurrence. Amazon publie quelques centaines de livres par an en langue anglaise, quand nous en publions des milliers.

Amazon va-t-il draguer vos grands auteurs, Stephenie Meyer ou James Patterson?

Je n’exclus pas qu’Amazon ait essayé de les débaucher, mais des confrères ont aussi tenté de le faire. Cela fait partie de la vie. Pourquoi voulez-vous qu’un auteur qui connaît un très grand succès et qui est très bien rémunéré, comme James Patterson, aille vers un éditeur comme Amazon qui n’est pas un professionnel? L’édition n’est pas qu’une question d’argent, c’est surtout une question de relations personnelles entre un auteur et son éditeur. Nous n’avons pas perdu un seul de nos grands auteurs.

Comprenez-vous l’union sacrée des députés français, qui ont voté la loi anti-Amazon?

Je l’ai comprise, car il y a beaucoup d’émotion en France autour de ces grandes entreprises américaines qui ne payent pas d’impôt et qui ne respectent pas toujours les règles du jeu. Elles devraient réfléchir à avoir un comportement plus citoyen. Mais là, je me demande si on n’a pas un peu trop stigmatisé Amazon. En France, il y a la loi Lang qui dit que les distributeurs doivent être traités dans des conditions égales de concurrence. Il y avait un biais, et la loi l’a corrigé.

Aux États-Unis, le livre électronique représente 25 % de l’activité, contre 3 % en France. Ce retard est-il dangereux?

Ce n’est pas un danger. Nous avons numérisé 50.000 de nos œuvres, et elles sont disponibles, ce qui a pour effet d’éviter le piratage. Mais les Français sont encore réticents à ­aller vers la lecture numérique, contrairement aux Anglo-Saxons. En France, nous voyons la vague du numérique monter doucement, surtout en littérature, où le numérique représente déjà 7 % à 8 % des ventes. L’année prochaine nous pourrions atteindre 15 %. Alors qu’aux États-Unis le numérique pèse déjà 40 % en littérature.

Le numérique est-il plus ou moins rentable que le papier?

C’est compliqué de répondre, car on ne sait pas si un exemplaire numérique a remplacé un exemplaire en grand format, vendu plus cher, ou un en poche, vendu moins cher. En tout cas, dans les pays anglo-saxons où nous sommes, je n’observe pas de dégradation de nos comptes d’exploitation. Le numérique a un effet vertueux. L’édition est la seule industrie culturelle à gagner de l’argent avec le numérique.

La fusion Penguin-Random House lance une vague de consolidation. Allez-vous y participer?

Hachette Livre est le troisième éditeur mondial derrière Pearson et Penguin-Random House. Nous sommes un très grand acteur avec 2 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Je pense qu’il va y avoir une vague de concentration dans les trois à cinq ans qui viennent, car le métier, quand il bascule dans le numérique, nous confronte à des acteurs beaucoup plus gros que nous: Amazon, Google ou Apple. Particulièrement aux États-Unis, il faut avoir une taille et un portefeuille d’auteurs suffisant. J’espère que Hachette ­Livre pourra participer à cette concentration, car il ne faut pas se laisser distancer. Notre actionnaire Lagardère est dans une période de réorganisation de son portefeuille d’activités. Quand cela sera terminé, je lèverai la main et j’espère que je serai suivi.

Le rachat d’«Astérix» est-il judicieux?

Oui. Nous sommes à une dizaine de jours du lancement du nouvel album, ­ Astérix chez les Pictes, qui sera un véritable phénomène d’édition. Nous avons imprimé 5 millions d’exemplaires pour l’Europe, dont 2 millions en français!

 

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