Canopé et Amazon s’engagent autour de contenus éducatifs autopubliés

Canopé et Amazon s’engagent autour de contenus éducatifs autopubliés

Canopé et Amazon s’engagent autour de contenus éducatifs autopubliés – Les univers du livre.

Voilà qui va faire boum, dans les couloirs des rectorats : le réseau Canopé, placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, se rapproche de Kindle Direct Publishing. Leur point de rencontre ? Les contenus éducatifs autopubliés. Alors qu’approche le salon du livre de Paris, les deux opérateurs présentent des ateliers dédiés, pour ouvrir chacun aux parutions indépendantes, à caractère éducatif.

On le sait, 2016 sera l’année du renouvellement des manuels scolaires et les éditeurs sont à pied d’œuvre, pour assurer la concrétisation des nouvelles orientations. La dotation par élève a d’ailleurs été démultipliée, passant de 7,54 € à 54,30 €. « S’ils sont maintenus sur deux ans, ces moyens devraient permettre de faire face aux frais engendrés par la réforme », assurait le syndicat SE-Unsa à Savoirs & Connaissances.

Et voici qu’avec un sens aigu de l’à-propos, Canopé et Amazon décident de mettre en place une autre dynamique. Le service KDP, Kindle Direct Publishing, est en effet connu pour offrir aux écrivains indépendants des solutions permettant de vendre leurs ouvrages. Jusqu’à lors, la dimension pédagogique n’avait que très peu bénéficié d’une mise en avant. L’association jouit donc de la légitimité du réseau Canopé, qui édite des ressources pédagogiques transmédias pour la communauté éducative et de la force de frappe KDP, probablement le premier acteur mondial de l’autopublication.

Les deux acteurs souhaitent donc présenter à la communauté éducative – enseignants, parents, élèves – de « réaliser et publier des projets éditoriaux à caractère éducatif ». Dans le même temps, la sphère éducative profitera « d’un nouveau moyen de faire connaître ses ouvrages et ses bonnes pratiques ». Et pourquoi pas : faire naître de nouveaux projets, frappés du sceau Canopé, et commercialisés via Amazon. Rêvons un peu…

Au cours des prochains mois, des ateliers seront organisés un peu partout en France, ouverts à tous, et gratuits, jusqu’en octobre 2016. Orléans, Rodez, Lyon, Rouen, Lille et Pointe-à-Pitre seront les premières villes à accueillir dans les antennes départementales du Réseau, les fameux ateliers.

« Dans chaque département, les Ateliers Canopé accueillent les enseignants et les partenaires de l’éducation au sein des nouveaux espaces ouverts et conviviaux. À la fois librairies, médiathèques, espaces de formation, d’expérimentations et d’animations, les Ateliers Canopé sont des lieux de proximité proposant de multiples fonctionnalités et offres de service », précise le réseau.

Les ateliers autour de l’autopublication se composeront de neuf séances, à raison de 3 heures pièce, le tout encadré par un animateur Canopé, coutumier de KDP.

Il initiera les participants à l’autoédition sur KDP et répondra à des questions telles que : comment je crée la 1ère de couverture? Comment je mets en ligne mon livre et trouve mes lecteurs? Quid des droits d’auteur? Mais également sur des questions liées à leur statut d’auteur : Quel prix pour mon livre? Comment respecter la propriété intellectuelle? Une séance d’information de 1 h (ouverte à tous) sera organisée avant le début des ateliers dans les 6 villes. Une séance de clôture de 1 h (ouverte à tous), dans chaque lieu, permettra de revenir sur les séances passées et de valoriser 1 ou 2 productions.   

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les deux acteurs se retrouveront à l’occasion d’une table ronde, pour le Salon du livre de Paris. Jean-Marc Merriaux, directeur général de Réseau Canopé et Éric Bergaglia, directeur de Kindle Direct Publishing, auront ainsi l’opportunité de développer le sujet et évoquer leur partenariat.

« Un partenariat ? L’alliance de la carpe et du lapin, plutôt », nous garantit un éditeur parascolaire. « Pour le coup, on est en train de payer cher le fait de n’avoir pas su s’ouvrir à ce modèle, ou d’être plus attentif aux systèmes de publication en Creative commons. » Mais pas que : envisager que le ministère de l’Educnat s’associe, même indirectement, à Amazon, fera grincer des dents dans les librairies. La réforme des manuels doit en effet apporter de nouvelles sources de revenus aux éditeurs, autant qu’aux libraires.

L’accord entre Canopé et Amazon ne bouscule rien de tout cela, « simplement, cela donne toute légitimité à Amazon, dans son ensemble, depuis les sphères ministérielles », poursuit l’éditeur. « On retrouve l’ambiance française – mondiale ? – globale : d’un côté, fustiger officiellement Amazon pour tout ce que l’on sait : optimisation fiscale, conditions de travail, etc. Et de l’autre, avouer en chuchotant, parce que c’est mal vu, que c’est un acteur aujourd’hui incontournable. »

Jamais le ministère de la Culture n’avait cependant osé aller aussi loin… Nous avons contacté le Réseau Canopé, et publieront un nouvel article sur le sujet prochainement.