Étude : emplois disparus, impôts envolés… Le bilan d’Amazon aux États-Unis

Étude : emplois disparus, impôts envolés… Le bilan d’Amazon aux États-Unis

Antoine Oury / actualitte.com

Les libraires américains n’empruntent plus de chemins détournés pour dire tout le mal qu’ils pensent d’Amazon, ainsi que les effets de sa politique fiscale et entrepreneuriale. L’association des libraires américains (American Booksellers Assocation, ABA) a commandé un rapport à l’agence Civic Economics pour estimer le nombre d’emplois disparus et le montant des impôts impayés suite aux activités de la firme.

Fuente original: Étude : emplois disparus, impôts envolés… Le bilan d’Amazon aux États-Unis.

(kiewic, CC BY 2.0)

Intitulée « Prime Numbers: Amazon and American Communities », l’étude de l’American Booksellers Association et Civic Economics revient sur les achats réalisés sur Amazon par les Américains et estime, à partir de ce chiffre central, le nombre de commerces fermés et d’emplois disparus, ainsi que les revenus fiscaux perdus suite aux techniques d’optimisation bien connues de la firme.

Ces rapports ne sont pas inédits, mais c’est la première fois qu’ils incluent les revenus tirés des ventes réalisées sur la Marketplace, par des vendeurs tiers qui utilisent les outils d’Amazon. Ces ventes représentent la part la plus dynamique du chiffre d’affaires d’Amazon : de 11,7 milliards $ en 2014, la part du chiffre d’affaires de la Marketplace qui revient à Amazon est passée à 16,1 milliards $ en 2015, puis 23 milliards $ en 2016.

Autrement dit, entre 2014 et 2016, la part du chiffre d’affaires d’Amazon tirée de sa Marketplace a connu une croissance de 96 %, contre une augmentation de 35 %, « seulement », de ses ventes directes. Étant donné qu’Amazon prélève 20 % de commission sur les ventes de la Marketplace, les auteurs de Civic Economics ont pu estimer la répartition entre Marketplace et ventes directes dans le chiffre d’affaires d’Amazon.

Les ventes d’Amazon et leurs effets

Établir ces distinctions était nécessaire pour calculer l’une des données mises en avant dans l’étude, le montant des impôts potentiels non collecté : en effet, si Amazon a pu se retrouver forcé d’appliquer un taux d’imposition sur ses ventes, il profite toujours d’un flou relatif sur les prélèvements obligatoires à imposer aux vendeurs tiers qui, justement, constituent la majeure partie de son chiffre d’affaires.

Afin de visualiser l’impact d’Amazon sur différents pans de l’économie américaine, Civic Economics a mis face à face les ventes sur Amazon et celles, en moyenne, réalisées par les boutiques physiques auprès d’un habitant, dans chacun des États. L’agence en a fait de même avec la superficie des commerces de détail, dans les États, et enfin avec les emplois dans le secteur de la vente au détail.

Bien entendu, le modèle obtenu ne doit pas être considéré comme une représentation exacte de la réalité, mais se veut aussi un moyen d’interpeller consommateur et politique sur les effets du modèle Amazon, que les libraires américains ne portent bien sûr pas dans leur cœur.

Les résultats sont évidemment éloquents : en 2016, Amazon a vendu pour 133 milliards de biens physiques (les biens dématérialisés ont été retirés des chiffres pris en compte) aux Américains, ce qui correspond à 44.000 commerces (soit 380 millions m2), 637.000 emplois (l’étude précise qu’Amazon aurait créé 137.000 emplois aux États-Unis en 2016) et entre 3,9 et 5 milliards de prélèvements non effectués.

La croissance est bien sûr inquiétante, selon l’Association des libraires américains : en 2018, les ventes d’Amazon atteignent 189 milliards $, soit l’équivalent de 62.000 $ boutiques, 900.000 emplois (Amazon emploie 200.000 personnes en 2018) et entre 5,5 et 7 milliards $ d’impôts non collectés.

Les données peuvent être retrouvées ci-dessous ou à cette adresse.

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