Kindle MatchBook : Amazon transforme le papier en livre numérique

Kindle MatchBook : Amazon transforme le papier en livre numérique.

Nicolas Gary / actualitte.com/ Le mardi 03 septembre 2013

Tous les auteurs désireux de prendre part au programme Kindle Matchbook sont invités à se faire connaître. Cette initiative, qui comptera plus de 10.000 livres d’auteurs comme Bradbury, Neil Gaiman, Michael Crichton et d’autres, se présente comme une nouvelle source de revenus. Pour un montant entre 99 cents et 2,99 $, les clients d’Amazon pourront se procurer la version numérique d’un livre imprimé déjà acheté.

La révolution est en marche : pour tout ouvrage acheté à partir de 1995, date à laquelle le site de vente en ligne s’est ouvert, les consommateurs pourront racheter la version numérique pour leur Kindle. Le service, qui s’ouvrira en octobre prochain inclura des ouvrages de types best-sellers, à foison.

À 18 années d’intervalle, explique Russ Grandinetti, vice-président contenu Kindle, la société est heureuse de proposer cette solution commerciale. « En plus d’être une grande prestation pour les clients, c’est un choix facile pour les éditeurs et les auteurs qui seront en mesure de gagner un peu plus pour chaque livre qu’ils publient. »

Cette solution compterait parmi les plus réclamées par les clients Kindle d’Amazon. Il est désormais possible de conserver son exemplaire papier sur ses étagères, et pour autant d’avoir avec eux la version numérique. Marcus Sakey, auteur et best-seller à lui tout seul, souligne combien l’idée est ingénieuse : « C’est simple, brillant et efficace pour tout le monde. J’aime avoir des livres imprimés sur mon étagère, mais j’apprécie la lecture sur mon Kindle en voyage. Et il y a beaucoup de titres que je voudrais avoir dans les deux formats. C’est ridicule de demander aux lecteurs de payer plein pot deux fois, pour le même livre. »

Dans son communiqué, Amazon précise que les clients doivent évidemment avoir acheté le livre sur Amazon.com pour recevoir leur copie numérique. Les livres seront vendus, dans ce format numérique, pour 2,99 $, 1,99 $, 99 cents ou offerts gratuitement. En suivant l’historique de leurs achats, les lecteurs pourront évidemment retrouver les ouvrages acheter, nul besoin d’avoir conservé le justificatif. Et bien entendu, les livres numériques pourront être consultés sur l’ensemble des appareils Kindle et des applications idoines.

Et le même service, pour la France ?

Ce service se substituerait presque au principe de copie privée que permet le Code de la propriété intellectuelle en France (article L122-5). En effet, il est permis à un consommateur de pouvoir réaliser une copie numérique, à condition d’être le détenteur de l’appareil permettant la numérisation.

Lorsque l’oeuvre a été divulguée, l’auteur ne peut interdire :

1° Les représentations privées et gratuites effectuées exclusivement dans un cercle de famille ;

2° Les copies ou reproductions réalisées à partir d’une source licite et strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, à l’exception des copies des oeuvres d’art destinées à être utilisées pour des fins identiques à celles pour lesquelles l’oeuvre originale a été créée et des copies d’un logiciel autres que la copie de sauvegarde établie dans les conditions prévues au II de l’article L. 122-6-1 ainsi que des copies ou des reproductions d’une base de données électronique ;

Notons, à ce titre, qu’il est strictement interdit de confier un livre papier à une société, qui facturerait la numérisation et la transformation en ouvrage numérique de son ouvrage.

En France, rares sont les maisons d’éditions qui ont généralisé une double commercialisation papier/numérique. Depuis janvier 2010, la maison d’édition Dialogues propose un code barre permettant de télécharger le format numérique d’un ouvrage papier que l’on a acheté, sans DRM ni surcoût. Quelques années plus tard, les éditions Publie.net, au travers de la filiale Publie.papier ont proposé un service similaire. Publie.papier fonctionne en impression à la demande, et propose également le téléchargement gratuit de l’ebook pour l’achat du papier.

Une autre alternative, cette fois lancée par la société Paperus, permet pour un catalogue encore assez restreint, d’acheter pour 20 % du prix du papier, le livre numérique au moment où l’on passe en caisse. Encore faut-il que l’offre soit mise en place dans la librairie où l’on s’approvisionne.

Back to the Roots

Ici, Amazon poursuit cependant une noble tâche, puisqu’il avait déjà entamé un programme similaire avec AutoRip, qui cette fois concernait directement la musique. Depuis janvier dernier, donc, les internautes et clients d’Amazon US peuvent ainsi acheter une version numérique d’un album physique qu’ils se seraient procurés sur Amazon, bien entendu. Et en matière d’innovation, l’offre Matchbook risque de démarquer une fois de plus le vendeur de ses concurrents.

ActuaLitté a tenté de contacter le Syndicat national de l’Édition à propos de la faisabilité d’un tel service en France, et mettra à jour l’article avec les réactions.

Dans l’intervalle, nous avons pu contacter un juriste pour qui ce type d’offre ne pose pas « de problèmes théoriques » vis-à-vis de la législation française. « De fait, ça ne peut pas se faire à l’initiative seule d’Amazon, puisqu’en France, l’éditeur fixe le prix de vente des livres. Cette donnée reste primordiale, et il suffirait d’un accord entre l’éditeur et Amazon, pour qu’une offre identique soit créée. »

Cependant, si pour les oeuvres anciennes, le plan se déroulerait sans accros, il n’en va pas de même pour une offre contemporaine proposant une offre bundle, ou couplée, avec le livre numérique et le livre papier, simultanément. « Pour le coup, l’éditeur établit un prix de vente papier, et prix de vente numérique, dans le cadre de son offre spécifique. La loi sur le prix unique du livre numérique semble le permettre, mais dans les faits, ce n’est pas aussi simple… »

 

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