Le watermark "meilleure des alternatives aux DRM de contrôles" de lecture

Le watermark «meilleure des alternatives aux DRM de contrôles» de lecture.

Stéphane Michalon & Stefaan Nemegeer  actualitte.com, Le mardi 03 septembre 2013

La question est vive aux Pays-Bas : l’apparition d’un watermark sur les fichiers numériques achetés dans les ebookstores fait débat. En effet, il est question de pouvoir mieux retracer la vie sur les réseaux de partage des ebooks, en s’appuyant sur les données contenues dans le watermark. Ce dernier contenant des données permettant d’identifier le client, une série de questions parlementaires a fusé pour interroger la légalité de cette méthode. ePagine, prestataire de la solution néerlandaise de watermarking, souhaitait apporter son point de vue. Nous en reproduisons ici l’intégralité.

Depuis un an, la plupart des éditeurs néerlandais distribués par CB (Centraal Boekhuis) – qui opère pour plus de 90 % des maisons d’édition néerlandaise – ont opté pour le watermarking de leurs livres numériques via un filigrane apposé par ePagine¹. Aujourd’hui, tous les libraires indépendants néerlandais et notamment Bol.com se retrouvent de fait avec une proposition d’achat userfriendly (qui ne nécessite plus la double inscription lors de la création des identifiants Adobe) et donc avec un parcours d’achat potentiellement à la hauteur des majors américaines dont la part de marché aux Pays-Bas est moindre qu’en France.

Le marquage d’un ePub par ePagine pour CB aux Pays-Bas se déroule en plusieurs phases. Un numéro est d’abord généré à partir des informations reçues lors de la transaction (référence, information client…). Avec ce numéro seul, il est impossible de retrouver le nom du client ou le magasin en direct. Ce numéro est ensuite placé dans l’ePub de multiples façons.

Tant qu’un client garde l’ePub pour lui, personne d’autre ne pourra voir les informations inscrites dans le fichier. Si un titre est déposé sur un site torrent ou rendu accessible au grand public sans respect du droit d’auteur, une action pourra être entreprise pour retrouver celui qui a acheté le titre. Mais cette action n’est pas si évidente que ça à réaliser.

Il faut d’abord que BREIN (qui agit au nom des éditeurs et/ou des ayants droit et que l’on pourrait considérer comme un équivalent de HADOPI) aille contacter CB pour récupérer l’information du filigrane, CB étant le seul à pouvoir repérer une trace du filigrane dans l’ePub dans la mesure où le watermark ePagine est une solution évolutive dupliquée aléatoirement dans le fichier. Une fois que le numéro est retrouvé, BREIN doit alors lui-même contacter le magasin revendeur pour lui demander qui a acheté ce titre…

Macedonian watermark

Le watermark version macédonienne

quinn.anya CC BY SA 2.0

Avant d’entamer une telle recherche toujours possible qui obligerait légalement le libraire à fournir plus d’informations sur le client de cet achat, il faut donc qu’il y ait une raison valable et avec preuves à l’appui. Si cette recherche est possible, en revanche elle n’est pas automatisable et implique au moins quatre acteurs différents de la chaîne du livre : BREIN, CB, ePagine et le libraire.

WatermakingLe tatouage numérique (en anglais digital watermark, « filigrane numérique ») est une technique permettant d’ajouter des informations de copyright ou d’autres messages de vérification à un fichier ou signal audio, vidéo, une image ou un autre document numérique.

Le message inclus dans le signal hôte, généralement appelé marque ou bien simplement message, est un ensemble de bits, dont le contenu dépend de l’application. La marque peut être le nom ou un identifiant du créateur, du propriétaire, de l’acheteur ou encore une forme de signature décrivant le signal hôte. Le nom de cette technique provient du marquage des documents papier et des billets.

(via Wikipedia)

Le but du watermark est d’améliorer l’expérience de l’utilisateur au moment où il souhaite lire un livre en lui évitant tout problème lié aux DRM qui rendent l’achat et la lecture parfois frustrants. Ainsi, l’utilisateur peut lire partout où il veut et sans être ensuite emprisonné lors de ses futurs achats dans un modèle fermé comme celui que propose par exemple Amazon.

Les questions posées par les parlementaires néerlandais semblent toutes pouvoir être interprétées comme une remise en cause de l’alternative raisonnable que représente le watermarking.

En France, jusqu’à présent, les attaques du watermark se faisaient essentiellement d’un point de vue de la responsabilité de l’éditeur, soulignant avec inquiétude la plus grande facilité qu’il y aurait à pirater un livre sans DRM contrairement à un livre équipé de la DRM Adobe, un point de vue souvent exprimé sans tenir compte de la difficulté des revendeurs et donc des libraires indépendants à pouvoir proposer en milieu ouvert un accès facile au livre numérique quand celui-ci est malheureusement protégé par la DRM Adobe. Malgré tout, cela n’a pas empêché certains éditeurs indépendants français (Les éditions de Minuit, Au diable Vauvert, Allia, Métailié, Viviane Hamy, José Corti, Sabine Wespieser, Fleurus…) d’avancer sans DRM avec l’accord de leurs auteurs.

Cette fois l’attaque est beaucoup plus sournoise, car elle laisse entendre que les informations contenues dans le watermark de ePagine seraient plus dangereuses pour la vie privée de l’internaute que l’ensemble des informations recueillies par des acteurs comme Apple, Amazon ou Google et leur DRM propriétaire qui stockent sur leurs bases de données vos noms, lectures, notes de lectures et partages, en plus de votre carte bancaire.

On peut se demander à qui profite maintenant cette attaque du livre numérique vendu avec watermark au moment même où en Hollande les grands Américains tentent de mieux s’implanter et de reproduire le même niveau de parts de marché que celui acquis dans d’autres pays européens

La position de ePagine est la suivante : il n’y a aucune attaque sur la vie privée via le watermark, le watermark étant sûrement la meilleure des alternatives aux DRM de contrôles de vos lectures. Nous pensons également que la meilleure protection des éditeurs est de maintenir un chiffre d’affaires réalisé sur un vaste réseau de revendeurs et que, même si ePagine se doit de travailler avec les éditeurs qui estiment avoir encore besoin par sécurité de la DRM Adobe, seul le watermark permet actuellement aux libraires indépendants de proposer un parcours fluide.

Et pour les plus soucieux de la protection de leur vie privée, un rappel : plus vous diversifierez vos achats dans la centaine de librairies indépendantes proposant déjà la vente de livres numériques, plus vous vous mettrez à l’abri de toute centralisation des informations vous concernant.

Alors bienvenue chez les libraires…

Stéphane Michalon & Stefaan Nemegeer
ePagine France & Benelux

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