Prêt de livres numériques en bibliothèque : pourquoi PNB peine à convaincre
— 17 enero, 2018actualitte.com / Antoine Oury
Depuis plusieurs années à présent, le prêt de livres numériques, en France, est centré autour d’une solution technique proposée par l’édition et soutenue par le ministère de la Culture, PNB, pour « Prêt Numérique en Bibliothèque ». L’Association des Bibliothécaires de France publie aujourd’hui les résultats d’une étude, qui indiquent que cette solution est loin de faire l’unanimité chez les professionnels.
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L’Association des Bibliothécaires de France (ABF) n’a jamais caché ses doutes face à la solution technique mise en place par l’édition française, et gérée par l’opérateur Dilicom. L’ABF déplorait ainsi un service « trop coûteux pour les petites collectivités », « son caractère exclusif pour les bibliothèques limitant voire interdisant l’accès à d’autres solutions, loin des réalités de terrains » mais surtout « la remise en cause d’un droit de prêt universel, portant sur la totalité de la production éditoriale ».
En effet, le système PNB, avec l’assentiment du ministère de la Culture, mettait les clés du prêt de livre numérique dans les mains des maisons d’édition elles-mêmes. Prix, restrictions et DRM, verrous numériques destinés à protéger les fichiers de la copie mais compliquant la lecture, tous ces paramètres étaient laissés au bon vouloir de l’édition, avec des choix parfois peu raccord avec les besoins professionnels des bibliothécaires.
Qui plus est, les professionnels de la lecture publique ne pouvaient même pas constituer leur catalogue selon leur politique documentaire, PNB ne proposant que les livres numériques autorisés par les éditeurs. Une situation que la profession a toujours dénoncée, et encore plus lorsque le Cour de Justice de l’Union européenne a expliqué qu’un droit de prêt pouvait s’appliquer aux livres numériques, ce que l’édition conteste de son côté — la ministre de la Culture Françoise Nyssen se rangeant à leur avis.
Avec cette étude menée auprès des bibliothécaires, l’ABF partage aujourd’hui les avis de 104 répondants, « échantillon non représentatif mais suffisant pour alerter sur la situation et la nécessité de ne pas la laisser perdurer », assure l’association. « [S]eul 1/3 des répondants (36 sur 104) utilisent PNB y compris par le biais d’une Bibliothèque Départementale de Prêt », souligne ainsi l’ABF. Parmi ces utilisateurs, la faiblesse du catalogue (pour 16 répondants sur 36), les DRM (pour 21 sur 36) et le coût du service (pour 13 sur 36) sont les points à améliorer. La question des tarifs semble toutefois à relativiser, puisque seuls 3 des 67 répondants qui n’utilisent pas PNB en sont mécontents.
Légaliser le prêt d’ebooks, sauver des auteurs
Comme cela était prévisible, et s’observe dans de nombreuses bibliothèques, les professionnels du prêt se tournent donc vers des solutions maison, avec en tête le prêt d’une liseuse déjà chargée en livres. Souvent des ouvrages du domaine public, mais aussi des livres achetés sur des plateformes légales, mais non destinées au prêt public, selon plusieurs témoignages.
20 % des répondants se fournissent ainsi en lectures par Publie.net, BiblioVox, Numilog, Notobib, La Souris qui raconte, Youboox, Use-book, Cairn, Izneo ou Dawsonera.
« On peut le regretter mais ce qui est légal pour le papier, ne l’est pas pour le numérique. Seul un cadre contractuel permet à une bibliothèque de prêter des livres numériques. Et sans que l’on puisse savoir si ces pratiques reproduisant le modèle du papier sont appliquées en sachant être hors-la-loi, il faut souligner l’existence de ces usages », observe l’ABF.