Stockage et distribution du livre : virée à la SODIS

Stockage et distribution du livre : virée à la SODIS.

Le mardi 16 juillet 2013 / Association Effervescence /  actualitte.com

Chaque semaine, ActuaLitté, en partenariat avec l’association Effervescence, réunissant les étudiants et anciens élèves du Master Édition et Audiovisuel de Paris IV-Sorbonne, vous donne rendez-vous : retrouvez dans les colonnes de notre magazine une chronique, réalisée par les étudiants de la formation, racontant la vie du Master et de l’association.

Cette semaine, on vous fait partager l’expérience de la promotion Édition qui a eu la chance de visiter la SODIS – la société de distribution du groupe Gallimard.

La SODIS, dont les locaux principaux sont situés à Lagny-sur-Marne, a été créée en 1971. 

La visite à laquelle nous avons été conviés par un de nos professeurs nous a permis de découvrir concrètement le parcours du livre, de l’éditeur au lecteur, géré par le distributeur – une part souvent méconnue qui représente pourtant environ 15 % du prix du livre. C’est l’occasion pour nous de faire un point – non exhaustif – sur la distribution. 

Un réseau de flux

En France, nous avons le réseau de libraires le plus riche et le plus varié au monde (c’est d’ailleurs un gage de richesse éditoriale). Et pour parvenir jusqu’au lecteur, les livres suivent des circuits variés qui dépendent donc des sociétés de distribution. 

Pour faire simple, le distributeur a pour rôle d’acheminer les livres vers des points de vente. Les libraires passent commande des nouveautés ou des réassorts pour compléter leur stock, et le distributeur doit honorer ces commandes tout comme il doit réceptionner les retours de livres que le libraire lui fait parvenir. Quant aux nouveautés, c’est au diffuseur que les commandes sont adressées.

Pour répondre aux demandes des libraires, la gestion de trois types de flux est confiée au distributeur.Les flux d’informations : le distributeur transmet à l’éditeur des informations d’ordre financier (chiffres d’affaires), des informations sur les stocks ou encore des informations commerciales. Il fournit aussi au libraire de précieuses données : factures, relevés, données opérationnelles sur les articles ou commerciales. Les flux financiers : le distributeur établit les factures et les avoirs, et les transmet aux libraires. Il assure aussi le recouvrement et la gestion des comptes clients. Les flux physiques : le distributeur reçoit et stocke les ouvrages reçus depuis l’imprimeur, gère la préparation des commandes, l’expédition des colis vers les points de vente et le traitement des retours. Toutefois, seules les ventes effectives des ouvrages en librairie déterminent le montant que le distributeur verse à l’éditeur.

La distribution en France : quelques chiffres (2011)

 

Tous ces flux voyagent (sont « distribués ») entre les acteurs de la chaîne du livre, que ce soit l’imprimeur ou le libraire, et par extension l’éditeur et le lecteur. 

Pour avoir une idée de leur importance, on ne peut éviter de parler « chiffres » : 520 millions d’exemplaires sont stockés chez les distributeurs. 51 % de ces livres sont des nouveautés et assimilés et 49 % du réassort. On compte aussi 210 millions de livres stockés chez les libraires et le taux de retour en 2011 s’est élevé à 22,6 %. Enfin, environ 90 millions d’exemplaires sont détruits chaque année, soit parce qu’ils sont défectueux, soit parce que le stock ne se vend plus et coûte trop cher à conserver.

Un stockage intelligent : une nécessité

Pour répondre au plus vite aux différentes demandes qui lui sont adressées, le distributeur est contraintd’aménager l’espace qu’il possède et d’organiser la répartition des tâches de manière judicieuse. C’est précisément ce que nous avons constaté lors de notre visite à la SODIS, où nous avons aussi bien pu suivre le processus qui se met en marche lorsqu’une demande arrive chez le distributeur que le parcours des livres qui arrivent par palette depuis l’imprimeur.

Les livres arrivent sur palettes dans des camions d’où ils sont déchargés pour être enregistrés et intégrés au circuit qui les conduira à l’espace de stockage dédié. 

Pour prendre en charge tous les livres en circulation, le distributeur dispose donc d’un espace de stockage considérable, strictement organisé et fortement automatisé pour pouvoir gérer au mieux la circulation des flux. À l’intérieur du bâtiment, les rayonnages s’enfilent les uns derrière les autres et leur hauteur est vertigineuse. Pour accéder aux ouvrages situés sur le haut des étagères, d’impressionnants élévateurs sont requis.

La distribution est un des maillons de la chaîne du livre le plus industrialisé. Dès qu’une commandeparvient à la SODIS, elle est prise en charge et préparée par des agents positionnés à des endroits spécifiques tout au long d’un tapis roulant sur lesquels les cartons de commande évoluent. Dès que le carton arrive au niveau d’un agent, dans une « gare », il prend le bon de commande placé à l’intérieur et y place les livres qui dépendent de sa zone, avant de laisser le carton continuer sa route jusqu’au point suivant où une autre personne, en charge d’autres titres, fera de même. Les points de passage sont nombreux et les vérifications effectuées rigoureuses, afin que la qualité de la distribution soit efficace. Ainsi, de son arrivée au distributeur jusqu’à sa mise à disposition auprès du transporteur, le temps de la préparation de commande est en général de 24 à 36 h

Il faut aussi savoir que le stockage et le traitement des ouvrages ne sont pas les mêmes selon si le livre présente une rotation forte ou faible. S’il s’agit d’une nouveauté ou d’un long-seller, il sera placé en piles ou dans de grands rayonnages faciles d’accès, le long de la chaîne principale, pour une distribution rapide. Pour les livres dont la rotation est faible, c’est-à-dire dont on ne sort qu’un ou deux exemplaires très occasionnellement (il faut voir les couches de poussières sur certains ouvrages !) les rangements sont plus étroits, moins accessibles. Les exemplaires de chaque titre y sont moins nombreux, mais il y a beaucoup plus de références que sur la chaîne principale. Ces ouvrages représentent une véritable problématique pour les distributeurs car les faibles demandes qui les concernent leur font occuper un espace démesuré et nécessite également plus de temps de préparation de la commande. Pour le distributeur, ils doivent toutefois être considérés de la même manière que les autres ouvrages, afin de proposer une qualité de service irréprochable, tant à l’éditeur qu’au libraire.

Enfin, en ce qui concerne les retours, un hangar leur est entièrement dédié : les cartons renvoyés par les libraires y sont traités avec minutie. 

Du service au rendement : la « chaîne du livre »

Cette visite à la SODIS a été particulièrement éclairante en ce qui concerne la position délicate occupée par le distributeur vis-à-vis du libraire comme de l’éditeur. En effet, il n’est pas rare que ces derniers se voient reprocher leur position économique au sein des métiers du livre.

Les sites de distribution – à l’image de celui de la SODIS – occupent des terrains gigantesques, où plusieurs entrepôts permettent de stocker les ouvrages dans les meilleures conditions. La pressionengendrée par l’apparition des librairies numériques les a contraints à moderniser leur structure pouroptimiser et raccourcir les délais de traitement d’une demande : il a fallu revoir l’aménagement des locaux, et les équiper de nouveaux appareils et de nouveaux systèmes. Tout cela, bien sûr, a un coût qui, en cette période délicate, est de plus en plus difficile à assumer. Mais  les grands groupes doivent à tout prix conserver leurs structures de distribution pour préserver leur force commerciale. Il est donc primordial qu’elles soient constamment alimentées en nouveaux titres, ce qui explique que la production éditoriale a tendance à s’intensifier toujours davantage, provoquant une saturation du marché en librairie.

C’est là un exemple concret de ce que l’on nomme familièrement « chaîne du livre », où tous les rouages qui la composent sont étroitement dépendants les uns des autres…

Visite instructive, donc, tant pour découvrir l’aspect industriel de l’édition que pour soulever des problématiques actuelles intéressantes.

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine, et on se retrouve mardi prochain pour une nouvelle chronique !

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