Vivre de ses droits d'auteur, un travail à plein temps

Vivre de ses droits d’auteur, un travail à plein temps.

Par Antoine Oury, le mercredi 19 septembre 2012 à 00:13:00 – 1 commentaire

Après 11 livres publiés dont une bonne partie chez Calmann-Lévy, Nathalie Hug confirme qu’elle « peut en vivre ». De son métier, auteure, qu’elle exerce parfois en tandem avec Jérôme Camus : leurs livres coécrits se vendent bien, et Hachette les met à la disposition des lecteurs au format numérique. Pourtant, entre la pression des multinationales et l’inflexibilité des éditeurs, sa situation n’a rien d’enviable.

Le Livre sur la Place s’est très peu intéressé au livre numérique : et pourtant, c’est bien la nouvelle situation qu’il soumet à l’édition qui inquiète Nathalie Hug, d’abord à cause des conditions qui lui sont imposées par l’éditeur, et même par le groupe dont il fait partie. « Chez Hachette, chez Calmann-Lévy, tout le monde a le même contrat. Quand on s’appelle Murielle Barbéry ou Katherine Pancol, on peut se permettre de négocier un pourcentage astronomique, ce qui est normal étant donné le poids économique des livres », explique l’auteure en s’autorisant une cigarette « réservée aux salons ».

Le fameux pourcentage, c’est bien sûr celui qui décide de la part que l’auteur touchera sur la vente de ses livres : jusqu’à présent, un avenant au contrat papier, « sous la pression des plateformes » était la solution commune. Désormais, c’est « 12 % seulement, alors qu’un bon nombre d’acteurs de la chaîne du livre n’apparaissent plus ». Nathalie Hug a même demandé le renouvellement bisannuel de son contrat d’édition numérique, tant l’industrie en construction est sujette aux changements.

Le livre perd de sa valeur

« Avec Jérôme, nous vendons bien mais nous ne sommes pas des auteurs de best-sellers non plus : il est possible de gagner de l’argent sur un livre pendant 3 ans, et puis plus rien du tout. On a demandé à Hachette : si nos pourcentages ne bougent pas, nous ne pourrons plus en vivre » admet l’auteure deL’Enfant-rien. Sur un livre de poche, elle gagne au maximum 40 centimes par exemplaire, et palpe 1,80 € sur un grand format. Et elle suit le cours du livre numérique : plus accessible car dévalué, le texte ne paie plus son auteur, du moins parce que sa part n’est pas suffisamment reconsidérée.

L’auteure s’avoue inquiétée par le piratage, car elle craint la généralisation avec l’achat massif de tablettes ou de liseuses. « Sur Facebook, je suis tombée sur une lectrice qui cherchait à télécharger mon livre, je lui ai répondu, et elle m’a expliqué qu’elle l’avait déjà en version papier et le voulait pour sa liseuse. » Pour elle, une baisse du prix du livre papier accompagnée d’un prix de base « entre 13 et 14 € sur les plateformes légales, pour que l’auteure puisse en vivre même si le livre papier disparaît », serait un avenir supportable.

Sans craindre le support numérique, Nathalie Hug aimerait que «chaque étape soit reconnue, la chaîne du livre est tellement liée : on dit «autoéditez-vous», mais je ne me vois pas faire des inédits en poche, des inédits en numérique… » Écrivain n’est pas un métier commun, et il n’a pas l’air très commode non plus : c’est pourtant avec le sourire que l’auteure retourne derrière sa table, où une file impatiente de lecteurs l’attend.

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